VISITE GUIDEE #1, ORSAY

ORSAY, 66 ANS D'HISTOIRE DE L'ART

 
[1848-1919] 

UNE VISITE DECOUVERTE 
L'EMERGENCE DU REALISME


« DE CHAPEAU JAUNE EN CHAPEAU JAUNE … »* 

Courbet, Carpeaux, Millet, Manet...
Une «Visite Découverte» ou une «Visite Panoramique» d'Orsay s'adapte idéalement à l'exposé sur «L'Émergence du Réalisme dans l'Art». La présentation d'une œuvre académique des Salles Luxembourg en début de parcours permet dans cette perspective d'interpeller directement les auditeurs sur la conformation ou pas de celle-ci aux canons classiques énumérés dans la foulée: Histoire, Mythologie, Religion. Telle ou telle œuvre a t-elle été, selon vous, acceptée ou refusée par le Salon? La permissivité du jury, les particularité du règlement de chaque édition permet de soutenir aisément votre auditoire comme avec le cas de l'«Olympia» de Manet, 1863. Acceptée? Oui ! Pas de jury cette année-là. Bref, en l’absence de «La Vénus Cabanel», 1863, généralement utilisée comme point de départ _ magnifique «pâte d'amende blanche et rose» comme la moqua Zola _ «La Vérité» de Jules Lefebvre interroge également très bien le concept de réalité. Ingres et sa «Vénus Paphos» ou un petit portrait d'une baronne Rothschild par Gérôme peuvent aussi servir d'autres œuvres pivots à un enchaînement discursif avec Millet et ses «Des Glaneuses», 1857. Traitement moderne combiné d'une technique classique. En sculpture, «Ugolin et ses enfants» de Carpeaux, 1862, illustre un même anti-conformisme par le choix de renouveler les sujets et se libérer de limitations créatives telle que l'interdiction de représenter un groupe supérieur à 2 figures. La filiation du travail de Rodin est aisément constatable au regard de la position en contrapposto similaire à celle du Penseur. Appelée à être vérifiée en fin de parcours via l'observation de l'Ugolin de Rodin, le rapprochement alimente l'appétence de la ballade. Suit la bombe «Olympia» du Titien Manet avec la question piège mentionnée ci-dessus ; puis un mot de muséographie en rapport avec l’éclectisme en vogue de l'époque, la Belle. Un passage par les salles des Arts Décoratifs du 2nd Empire et l'évocation de la construction de l'Opéra Garnier sont autant de supports insignes.

Degas, Rodin et Ron Mueck

Au fond du Pavillon Amont, la proximité du Manifeste Réaliste peu connu qu'est «Un enterrement à Ornans», 1850, de Courbet ébahira autant qu'un autre diamant de la couronne d'Apollon : «L'Origine du Monde», 1866. La pause escalator est par conséquent bienvenue pour souffler un moment ; avant le panorama intérieur de la grande halle depuis la terrasse à éviter en grand groupe ; avant l'affalement dans les canapés «Papposus Aster» en forme d'étoiles de mer des designers brésiliens Campana ; avant le panorama de Montmartre à travers la Grande Horloge ; avant la brise des «Coquelicots au Printemps» de C. Monet. Il suffit simplement de suivre le chemin dans les herbes. «Les Repasseuses» de Degas sont alors toutes près pour rappeler les quatre bouteilles de vin dans la musette, un café dans chaque rue, une «boisson hygiénique» aurait dit Louis Pasteur. On comprend comment Degas n'est pas impressionniste mais naturaliste, ethnographe, physiognomoniste ; sa «Petite Danseuse de 14 ans» cousine singulièrement avec notre australien Ron Mueck. «Women with Sticks», 2008. «De chapeau jaune en chapeau jaune...» explique la conférencière, on traverse le bal du «Moulin de la Galette» de Renoir, 1876 jusqu'à «Pommes et oranges» de Cézanne, 1899. «Notre père à tous» disait de lui Picasso ! Le père Cézanne et l'Oncle Manet! «Pommes-Oranges» et «Asperges». Le tableau de la botte est à Cologne au Musée de Walraf-Richartz mais celui de la tige d'asperge séparée de celle-ci est ici. Manet l'avait renvoyé en remerciement de la générosité de son bénéfacteur, Charles Ephrussi. Redescendu au premier, la guide poursuit d'une traite la terrasse Rodin-Bourdelle-Maillol jusqu'aux fameuses «Porte de l'Enfer» de Rodin. Le voisinage d'une version d'«Ugolin et ses enfants» permet après l'avoir fait localiser sur la porte, de revenir, d'une part_ sur la visualisation du contrapposto de Carpeaux reprise par «Le Penseur» qui n'est pas Le Rêveur, d'autre part_ sur l'évolution du traitement technique entre grosses pointures, Carpaux et Rodin, Millet et Monet ... naturellement évoqués auparavant avec Cézanne comme les accoucheurs de l'abstraction lyrique... Une autre visite grand public proposé par le musée: «Orsay des Grands Courants»
© Philippe-Maurice

* La Conférencière

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos Remarques...